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Accueil du site > Définissons les termes ! > Classe ouvrière et prolétariat (2) mardi 6 février 2007, par Hubert Leray

Classe ouvrière et prolétariat (2)

"Ceux qui ne possèdent que leur force de travail."

Classe ouvrière/prolétariat. La formule "classe ouvrière" était, au XIXe siècle, le nom courant du prolétariat. À cette époque, sa délimitation était nette : les travailleurs manuels des ateliers, manufactures et usines, ouvriers salariés, producteurs directs des marchandises, dont la circulation permettait de transformer la plus-value extraite de la valeur de leur force de travail en profit. Classe créée par le capitalisme, elle était à la fois sa condition et son opposition. La lutte des classes à cette époque était essentiellement celle du Capital et de ce prolétariat. Les autres classes de la société étaient alors la paysannerie et ce qu’on regroupait comme petite-bourgeoisie (on verra plus loin, "classes moyennes/petite bourgeoisie").

L’évolution de la société capitaliste a profondément transformé la structure des classes et leurs rapports, au point que nombre de sociologues ont pu parler, sinon de disparition de la classe ouvrière, du moins de sa réduction à une couche sociale de peu d’importance. À l’échelle du monde, c’est évidemment une stupidité, puisque au contraire le prolétariat (au sens ancien), s’est multiplié de façon phénoménale, s’étendant sur tous les continents dans d’immenses pays où il n’existait pas au XIXe siècle, voire au début du XXe. Mais est-ce vrai dans les pays dits développés, tels que le nôtre ?

Si la classe ouvrière, au sens étroit du mot, s’est réduite en taux de la population, elle n’en reste pas moins un groupe social très important, surtout si l’on tient compte de la proportion de travailleurs de l’immigration, souvent sans citoyenneté, qui y participe.

Mais si on laisse de côté la formule étroite de "classe ouvrière" et qu’on reprend celle de prolétariat, en tant qu’ensemble des producteurs de plus-value, le problème change du tout au tout.

On sait que Marx n’a pas eu le temps de développer une analyse scientifique des classes. Mais il nous a tout de même laissé des quantités d’éléments pour comprendre ce qui les fonde, à savoir le rapport de ces groupes sociaux au procès de production de chaque société donnée. Et, en ce qui concerne le prolétariat, les fragments du tome III du Capital nous livrent non seulement les analyses montrant comment des employés participent à la création de la plus value, et comment la paupérisation jette de plus en plus d’éléments précédemment placés dans la petite bourgeoisie dans une situation prolétarienne, mais la définition la plus simple des prolétaires : "Ceux qui ne possèdent que leur force de travail". Au temps de Marx, il s’agissait essentiellement de la force physique de travail, quoique l’importance de la force de travail intellectuel ait toujours qualifié le travail. Mais avec les "révolutions industrielles" découlant du progrès des sciences, le travail producteur a progressivement augmenté la part du travail intellectuel dans le travail physique, jusqu’à devenir sa part essentielle, voire unique dans des secteurs de plus en plus nombreux de la production. En même temps, la complexification de la circulation du capital a prolétarisé, d’une part les travailleurs des secteurs de la circulation et de la distribution des marchandises, d’autre part, également par leur extension numérique, des fonctions jadis "nobles", telles celles des techniciens, voire des ingénieurs, et autres "cadres techniques", des enseignants de tous niveaux, et maintenant celles de la masse des chercheurs. Et ce ne sont plus les enfants de la bourgeoisie qui accèdent aux travaux hautement qualifiés, mais ceux de femmes et d’hommes qui n’ont que leur force de travail à vendre pour vivre. Nous qui ne vivons pas de revenus d’un capital, nous sommes donc tous des prolétaires ! Mais la plupart d’entre nous ne le savent pas, mystifiés que nous sommes par les catégorisations de la sociologie bourgeoise. Nous sommes "classe en soi" sans conscience de "classe pour soi". Il est vrai que, comme hier, plus qu’hier, le champ du nouveau prolétariat s’est étendu des quasi lumpen-prolétaires (prolétaires en haillons) à une vaste "aristocratie prolétarienne" à hauts salaires. Comme celle du passé, la majorité de cette dernière sera-t-elle la base de masse du Capital ? À l’inverse d’hier, même les catégories relativement privilégiées du système vivent aujourd’hui sous les diverses menaces du système capitaliste : chômage, précarisation, sélection féroce, surexploitation (le stress des cadres)… D’où le fait que ces agressions nourrissent la conscience de l’unité avec les couches les plus exploitées de NOTRE classe commune.

Et c’est cette communauté de rapport au Capital qui explique la nature des nouvelles luttes sociales. 1968 vit un mouvement de caractère révolutionnaire, commencé par un corps étudiant, multiplié par dix depuis la fin de la Guerre mondiale, et donc comprenant une masse d’enfants de "prolétaires", et privés d’avenir, s’étendre non seulement au prolétariat "classique", mais à des secteurs de travailleurs intellectuels qui n’avaient jusque-là jamais fait grève (voir Jacques Pesquet, Des soviets à Saclay, François Maspero éd.). Il est aussi caractéristique que, dans les années de reflux qui suivirent, les grandes grèves ne furent pas celles du prolétariat ancien, mais celles des services publics, en particulier celles de l’enseignement et de la Santé, enfin de la Recherche même. Aujourd’hui, c’est le nouveau prolétariat large qui a fait la majorité du Non au référendum de l’Europe du Capital et constitue la force vitale du mouvement des comités, comme celle de l’altermondialisme, et tend à une recomposition politique qui dépasse les vieux partis devenus archaïques.

Michel Lequenne, historien


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