Dans sa demande, Ibrahim écrivait : “Il est certain que je serais arrêté dès mon retour en Turquie. Accusé de soutenir les membres d’une organisation illégale, je serai soumis à d’intenses tortures. La police voudrait, en effet, avoir des informations sur les militants kurdes et enfin je risque d’être condamné à Trois ans et neuf mois d’emprisonnement.”

Ibrahim a demandé à la France l’asile politique. Il risquait de graves persécutions en Turquie du fait de ses origines Kurdes Alevies et de ses activités politiques.

Les kurdes Alevies de sa région (Elbistan) “ont massivement milité dans les rangs d’organisation illégales de gauche turque et dans tous ceux du mouvement national kurde.” Cette communauté fait l’objet de répressions multiples, politique -du fait de l’opposition à l’état turc-, différence ethnique -kurde revendiquant leur indépendance- et religieuse -minorité alevie que les intégristes sunnites considèrent comme hérétique et “pour qui tuer 7 alevies ouvre la porte du paradis”- !!!

Selon Ibrahim, de nombreuses personnes de sa famille ont fait l’objet de graves persécutions : arrestations, torture, son “père et frère aîné ont été plusieurs placés en garde” certains ont du s‘expatrier. 9 cousins, oncle, soeur aînée sont réfugiés en France, 3 cousins en Allemagne. Son grand père paternel assassiné, pour son soutien militaire et moral aux militants kurdes. (assassinat incombé au PKK par les autorités turques alors que le PKK a démenti catégoriquement et accuse “les forces de l’ordre turques d’être à l’origine de ce meurtre”. Les efforts de recherches pour retrouver les assassins sont réprimés, la famille reçoit des menaces afin qu’elle abandonne ces recherches. [1]

Selon RESF [2], en ce qui concerne Ibrahim, d’une part il “serait en Turquie considéré comme un agitateur. Le 20 juin 2006, il a été condamné par contumace par la cour d’assises d’Adana à quatre ans de prison dont six mois fermes pour « complicité en connaissance de cause » avec le PKK, un syndicat indépendantiste kurde considéré en Turquie comme terroriste.” [3], d’autre part Il dit y avoir été torturé et en avoir les traces visibles à la hanche et au genou. [4]

Ibrahim est il en sécurité en Turquie ?

 Brigitte Plaza avocate de la famille s’en défend elle pense que « Cette affaire est un scandale ! Ibrahim n’est pas en sécurité en Turquie. S’il lui arrive quoi que ce soit, j’attaquerai la France pour non-assistance à personne en danger et abus de position dominante. Un recours va aussi être déposé devant la commission des réfugiés de l’Union européenne. » [5]

 c’est sûrement ce qu’à pensé le préfet de Seine et Marne qui a débouté à quatre reprises Ibrahim pour - selon le secrétaire général de la préfecture M. F. Vuibert- “ne pas avoir la certitude des pièces figurant au dossier !” [6]

Et si devant l’incertitude les préfets appliquaient un principe de précaution plutôt que le rôle de suppôt d’un ministre de la honte, “ de la rafle et du drapeau” qui leur demande de “faire du chiffre” pour atteindre le quota d’expulsions ? Suppôt d’un gouvernement que l’on pourrait apparenter au régime de Vichy ? Gouvernement qui s’est autorisé l’utilisation de la lettre de Guy Moquet arrêté pour fait de résistance...

Et si tous les collégiens et lycéens -à l’instar de ceux du lycée professionnel AUGUSTE PERDONNET de Thorigny-sur-Marnede, (lycée d’Ibrahim)-, demandaient que sa lettre de demande soit lue ? Qu’on élargisse leur demande à tous les collèges et lycées de France, Que tous les enseignants qui ont suivis cette consigne lisent aussi celle ci, accompagnés de tous ceux qui ont résisté à une telle démagogie.

Et maintenant que faire ?

"La famille d’Ibrahim et son avocate vont continuer à se battre pour obtenir le retour du jeune homme. Ils trouveront à leurs côtés les lycéens, parents d’élèves, enseignants, les militants RESF, et bien d’autres, militants politiques, syndicaux, associatifs ...simples citoyens révoltés... Les conditions de l’expulsion malgré la solidité de la demande du statut de réfugié politique sont telles que différents recours juridiques sont possibles, notamment auprès de la commission consultative des droits de l’homme. Et surtout, la mobilisation citoyenne peut faire revenir Ibrahim, comme elle a fait revenir Suzylène, lycéenne expulsée vers le Cap Vert revenue après 6 mois d’exil l’année dernière.” [7]

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Pour comprendre les raisons de demande de réfugié politique D’Ibrahim Arpaci en Turquie, il est nécessaire de faire un rapide tour d’horizon sur ce que signifie être alevie

Etre kurde alevie, il suffit de l’être pour savoir qu’il y a un réel danger pour Ibrahim de retourner dans son pays. et rien que pour cela nul besoin était au préfet de se poser l question sur la véracité des éléments apportés par Ibrahim. Tout kurde alevie est en danger en turquie pour peu qu’il ne se résigne pas.

La croyance alévie est basée sur la foi en la « trinité » Allah, Mahomet (Prophétie) et Ali (Sainteté). soir sur le pillier de la foi islamique : (croyance dans ce qu’il n’y a pas d’autre dieu qu’allah et que Mahomet est son messager... ) avec en plus Ali ! “Les alévis vénèrent Ali, neveu et gendre du prophète Mahomet et l’élèvent au rang de dieu” [8] Ce qui constitue une croyance hérétique pour les sunnites. et ils « maintiennent que leur religion est distincte de l’islam et qu’il s’agit d’une foi purement anatolienne fondée sur le shamanisme et le zoroastrisme, qui remonte à 6 000 ans » [9]

Selon un article du Journal of Ethnic and Migration Studies, l’alévisme [traduction] « offre une culture, une philosophie et une version de l’islam parfaitement compatibles avec les idéaux des sociétés démocratiques occidentales et certains aspects de l’alévisme illustrent même ces idéaux » les alévis possèdent une « optique démocratique, laïciste et égalitaire » [10]

Les alévis ont historiquement appuyé des partis de gauche ou non traditionnels, ils ont "voté pour des partis de gauche et ont fourni au pays certains de ses laïcistes les plus connus et les plus radicaux » [11])

les alevis sont à ce jour confrontés à trois type de descrimination :

 Religieuse, (ministère des cultes étant sunnite)

 Culturelle : les livres d’école ne font aucune référence à l’islam alevie, alors que la littérature alevie a eu une grande influence sur la littérature turque et chiite. Littérature née au XIIèème siècle qui s’étend du Turkestan aux Balkans.
 Sociale : Alors que les alevies représentent 20 % de la population, les sunnites seuls ont le contrôle du ministère de l’intérieur, aucun chef de police, aucun gouverneur de province qui ne soit alevie.  [12]

sources :

 pour le paragraphe “selon Ibrahim” de sa lettre demandant l’asile politique. voir document joint pdf
 pour les autres de différents articles du blog de SEFR

7 Nov "Ibrahim n’est pas parti"

9 Nov Lettre au président de la République par les lycéens du lycée de Thorigny après l’expulsion de leur camarade Ibrahim Arpaci

9 Nov Resistance : non à l’embarquement immédiat d’Ibrahim Arpaci

10 Nov “SANS-PAPIERS. Ibrahim expulsé malgré les deux cents manifestants” et Lettre des lycéens à Nicolas Sarkozy

Et toujours : la vidéo de RESF :