La fuite, seule solution, seule échappatoire, la fuite est notre mode de survie. Nos discours sont déja une fuite, les policiers, les bobos, les partis, les capitalistes, les syndicats, les politiciens, nos discours sont de la pure réaction, on réagit, encore et toujours, on trouve toujours de nouveaux sujets pour s’offusquer, s’enrager, débattre, dialectiser, se révolter....Et après...On en trouve encore et toujours des nouveaux, et puis c’est tout.
C’est l’autre, c’est sa faute, il nous faut aller vers l’autre, il faut rester dans cette société, il faut informer, convaincre, sensibiliser. Il faut se battre, manifester, revendiquer, lutter. Il faut s’insurger, lancer l’émeute, organiser la guerilla, il nous faut etre une machine de guerre.
Et si ça n’était pas l’autre ? Et si c’était nous, et si on arrêtait de fuir, de réagir, de rejeter sur les autres ? Et si, avant de faire la guerre, on commençait par vivre ensemble ? Et si, à un moment, à force de nouvelles occasions de s’insurger, de réagir, on se disait qu’il faut juste arrêter de réagir, arrêter d’essayer de prêcher la bonne parole ?
On a bien compris, on sait très bien à quel point ce système est inhumain, on sait que les grandes eglises partisanes continueront à hypnotiser les masses, on sait qu’on ne pourra pas vivre dans cette société, mais seulement survivre, sauf quelques irréductibles qui eux n’arriveront même pas à survivre. On sait que la catastrophe arrive, on entend aussi le bruit des bottes qui s’approchent de plus en plus vite.
On veut faire des manifestations monstrueuses, unir la gauche, bloquer les universités, ouvrir les frontières, mettre fin à la guerre en Irak, mais nous, qu’est ce qu’on fait, qui sommes nous ?
Sommes nous la révolution que nous souhaitons ?
Qu’on arrête de fuir, qu’on arrête de réagir. Il est temps d’agir, il est temps qu’on se regarde dans les yeux, toi et moi, il est temps qu’on mette en commun nos vies, qu’on partage. Il est temps de s’écouter, de se sentir, de se comprendre. Il est temps de se raconter nos histoires, de partager nos joies et nos peines, nos nourritures et nos toits.
Il est temps de vivre ensemble, l’ami, tu n’as pas idée de ce que plusieurs être vrais ensemble peuvent réaliser, nous perdons trop d’énergie à crier dans le désert, il suffit qu’on se regarde enfin dans les yeux et l’oasis commencera à apparaitre. Il est temps de nous libérer, de dire la vérité, ne nous mentons plus, soyons francs, ensemble nous serons plus libres.
Ne perdons pas nos vies à les gagner, tuons les bourgeois qui sont en nous, abolissons nos carrières, finissons en avec nos vies personnelles, décretons ensemble la fin de la survivance, commençons enfin à vivre et à créer. Soyons la révolution que nous souhaitons, la seule révolution qui soit.
Hommage au chanteur rasta non violent d’Afrique du sud. A Steve Biko et à tous les assassinés de l’apartheid et de l’après.